« Il n’y a aucun problème entre l’Angola et la Rdc, car nos relations sont en bon terme ». C’est en ces termes que s’est exprimé, à Luanda, le Ministre angolais de la défense, Joao Lourenço, à son retour d’une mission aux Etats-Unis d’Amérique. Se confiant à la presse locale, il a aussi démenti toutes les rumeurs qui circulent sur Internet sur l’état des relations entre Kinshasa et Luanda. Joao Lourenço s’est dit, en effet, « étonné des fausses informations sur une tension imaginaire créée par les internautes sur la toile entre la Rdc et l’Angola ».
Parlant de sa mission à Washington, le patron de la défense angolaise a indiqué qu’elle s’inscrivait dans le cadre des relations bilatérales entre les États-Unis et l’Angola en matière de défense et qu’elle n’avait donc rien à voir avec la RDC. Ce pays, a-t-il ajouté, est souverain et capable de gérer ses problèmes internes. Quant à l’Angola, Joao Lourenço a dit qu’il est « libre de protéger ses frontières en tant que pays ». Ici, le Ministre angolais faisait certainement allusion à la décision de son pays de déployer des troupes à la frontière avec la Rdc suite aux déplacements des populations congolaises vers l’Angola, fuyant les exactions des miliciens dans les Kasaï.
Cette réaction angolaise vient ainsi tordre le cou à toute l’agitation qui s’observe autour de la fameuse théorie de complot qui, selon les agités, passerait désormais par l’Angola. Il y en a qui vont jusqu’à prétendre que Eduardo Dos Santos aurait décidé de renverser le pouvoir en RDC pour installer aux commandes son gendre, le congolais Sindika Doko mari de sa richissime fille aînée Isabel dos Santos. Simplement parce que Sindika, connu pour sa discrétion et sa distance avec la politique, s’est, ces derniers temps, exprimé, par des tweets ou quelques déclarations à la presse, sur la situation en RDC, son pays. Même s’il est entraîné en ceci par son ami Olivier Kamitatu pour le compte de Moïse Katumbi que Dokolo dit admirer, pour le besoin de la cause…
Pour le reste, l’on sait qu’à Washington, le Ministre angolais de la Défense était allé négocier la reprise, par le Pentagone, de la vente d’armes à son pays, ce qu’il a obtenu. Et même si la situation en RDC aurait pu être évoquée, cela n’aurait été que normal lorsqu’on sait que l’Angola assure actuellement la présidence tournante de la CIRGL. A ce titre, Luanda peut être porteuse des préoccupations de cette organisation sous régionale créée justement et principalement pour la recherche des solutions aux crises qui secouent cette région. C’est, d’ailleurs, à ce titre que Joao Lourenço a participé à la réunion du groupe international de contact sur les Grands Lacs, et non comme représentant de son pays uniquement.
Cette réunion, qui avait aussi traité de la situation au Burundi, avait connu également la participation des envoyés spéciaux pour les Grands Lacs des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de la France, de l’Allemagne et de la Belgique. Egalement représentés : les Pays-Bas, la Suède, le Danemark, les Nations unies, l’Union européenne, l’Union africaine et l’Organisation internationale de la Francophonie. Les pays concernés par cette réunion n’ont pas été représentés.
Mercredi 24 mai 2017, Luanda a abrité une réunion ministérielle de la Cirgl qui a examiné la situation politique et sécuritaire dans la région. Celle qui prévaut en RDC a également été examinée, et c’est à ce titre que les participants en ont exprimé leurs préoccupations. Tout en reconnaissant et saluant les efforts internes entrepris par les acteurs politiques congolais, les participants ont été d’avis de poursuivre les efforts pour « identifier les meilleurs moyens pour la stabilisation et la pacification de ce pays ».
On est là bien loin
Yvon RAMAZANI