C’est un climat frisant » l’intifada » que connait depuis le lundi 11 /09 la ville de Butembo.
Des coups de feux sont entendus ça et là depuis tôt ce matin. Dans plusieurs quartiers, les forces de l’ordre s’efforcent à disperser des jeunes cherchant à manifester, dont certains ont tenté de barricader des routes. À l’origine de cette montée de tension, le mauvais climat qui règne entre les autorités et la société civile, appuyée par une partie de la population.
D’un côté, suite à l’insécurité devenue presque endémique et au kidnapping de deux abbés depuis le 16 juillet 2017, la société Civile a exigé depuis quelques jours le remplacement des autorités municipales et celles des responsables des forces de l’ordre au motif qu’elles ne seraient pas capables de ramener la sécurité et que certains éléments des forces de l’ordre et de l’ANR/ Butembo seraient même impliquées dans des crimes.
Des opérations villes mortes et une pétition ont même été initiées pour le départ des autorité et ont rencontré une indéniable adhetion des bubolais.
En réponse, le maire a menacé de faire arrêter toute personne qui demande sa démission et interdit toute manifestation dans la ville.
Par ailleurs, les attaques se sont multipliés sur les dirigeants de la société civile de la ville, parmi lesquels plusieurs enseignants des universités.
Le vendredi 08, un groupe de femmes qui manifestaient pour réclamer la libération de deux abbés kidnappés depuis le 16 juillet a été brutalement dispersée par la police.
Ceci a choqué l’opinion sur place.
« Comment notre propre police peut elle brutaliser et humilier 8 pauvres femmes qui ne font que réclamer pacifiquement la paix et la liberté pour nos prêtres ? » S’est en l’occurrence étonné monsieur Magasani Bokassa, un ancien bourgmestre de la place.
Dans la nuit du vendredi, un troisième abbé, le Professeur Athanase Waswandi, échappe de justesse à un kidnapping.
Il s’en tire avec plusieurs blessures et le bras gauche fracassé.
Le samedi matin, le maire de la ville qui voulait s’enquérir de la situation d’un professeur d’université agressé la veille s’est retrouvé entouré par une foule d’étudiants qui réclamaient qu’il démissionne sur place.
Pour l’évacuer, les forces de l’ordre sont contraints d’user de la force. Un étudiant est blessé par balle à la tête.
Furieux, ses descendent descendent en masse dans le Centre ville où toutes les activités sont encore une fois paralysées.
Une autre source de tension est la situation d’insécurité dans laquelle se trouvent depuis peu la coordination de la Société Civile de Butembo. En effet, bon nombre des enseignants agressés en font partie.
Comme si cela ne suffisait pas, les autorités semblent avoir décidé leur arrestation, et certains le disent publiquement.
Criant à tue tête, le commandant de la PNC déclare samedi qu’il va » arrêter tous les dirigeants de la société civile de Butembo ».
Suite à ces attaques et à ces menaces, certains des dirigeants de cette structure vivent désormais dans la clandestinité, à l’instar de l’abbé Professeur Malonga qui en est le Président.
Dans les après-midi, les établissements d’enseignement supérieurs de la place annoncent qu’ils entrent tous en grève suite à l’insécurité dont le personnel académique est victime.
La tension est encore montée le dimanche 10 septembre suite à l’appel à manifester lancé par les étudiants à la population.
Les autorités répondent par une ferme interdiction.
Le lundi matin, c’est l’escalade: tous les points stratégiques de Butembo sont occupés par les forces de l’ordre, alors que les jeunes érigent des barricades.
Les bombes lacrymogène et les fusils sont utilisés pour dégager la route.
Encore une fois, les activités sont paralysées.
Interrogé par un confrère sur les opérations en cours, un officier de la police déclaré avoir comme mission de libérer la voix publique et ajoute: » notre but est de dégager les barricades, les civils ne sont pas nos ennemis, ils sont seulement nos adversaires égarés ».
Par ailleurs, les faits contredisent les affirmations des forces de l’ordre de n’avoir pas usé des balles réelles.
Autre chose: alors que le maire de la ville à demandé aux habitants de Butembo de vaquer à leurs occupations, l’honorable Mbindule, élu de cette ville, vient de nous signaler l’arrestation musclée des femmes qui voulaient vendre au petit marché de Furu, quartier Nord de la ville.
À signaler aussi plusieurs tirs sur des motards, ce qui contredit les promesses de l’autorité urbaine.
Pour preuve, un motard a été blessé par balle et le Président d’une association des étudiants de Butembo vient d’être atteint d’une balle ce lundi matin et se trouve aux soins intensifs à l’hôpital de Matanda.
Abraham MUSITSHI